Ils sont fous ces... Serbes!
Sur un forum serbe sont apparus des commentaires concernant la victoire (victoire très serrée, je précise pour mes
lecteurs francophones) du Président actuel à la présidentielle chez nous,
hier. Dans l’un deux, il était écrit ce qui suit :
«Moi aussi j’ai pensé qu’on était un peuple fou. Puis finalement
peut-être non. Car nous étions toujours à un croisement et nous le restons
encore, j’ai déjà écrit quelque part que nous sommes un peu comme cet âne de
Buridan.
Si nous considérons la Serbie comme un pays au croisement entre deux
«civilisations» (L’Occident et l’Orient),
entre deux grandes puissances, si nous considérons comme telles l’Europe et la
Russie, ne serait-ce que pour illustrer ce que je raconte, si nous nous
rappelons tout ce qui nous «fouettait» à travers l’histoire lointaine et
récente, et nous «fouette» toujours, ce qui nous rend paumés encore dans la
phase de notre conception, il n’est pas étonnant du tout de nous avoir vu divisés
à un tel point à la présidentielle. Là aussi, vous le voyez bien, nous sommes à
un croisement.
Pour ma part, j’ai vote plutôt contre les radicaux que pour Tadic en tant
que tel, plus exactement, j’ai voté en faveur du modéré contre l’extrême. Je
dois dire cependant que plusieurs des interventions de M. Nikolic lors de cette
campagne, ainsi que son discours après sa défaite, m’ont agréablement surpris (je rajoute dans la version française – les
membres du Parti radical serbe sont assez désagréables, voire agressifs dans
leurs propos et parfois, dans le passé, même dans leurs actes, des bagarreurs
qui pointent du doigt tout ce qui leur semble «suspect et malhonnête» et aiment
beaucoup étaler le «linge sale» de leurs adversaires, eh bien le candidat radical
a eu des interventions plus que correctes, dernièrement).
J’admets sans hésiter que les démocrates n’ont pas répondu à nos attentes,
mais qui sait, peut-être ça ira mieux. Et bien sûr que la Russie est un
partenaire stratégique et économique puissant, mais j’en ai un peu marre qu’on
se distingue toujours et pas dans le sens le plus positif (malgré que le NON
historique de Tito à Staline était plutôt positif, mais voyez, Tito lui aussi
avait un regard juste sur le «croisement» que nous sommes, que nous devons
toujours faire des «manœuvres» dans un sens ou dans un autre). Mais pourquoi,
on se demande ???? Ne peut-on pas être normaux pour une fois, si tous
autour de nous vont en Union européenne, pourquoi nous on y irait pas, si
jamais elle s’écroule, cette Union, ben on verra au moment donné, puis
peut-être elle ne s’écroulera jamais.
Peut-être, si nous parvenons à nous «normaliser» sans plus être ce fameux
trou dans le tapis, qui sera brodé de fils d’or par l’Europe, à dit le
Monsieur, hein (un des candidats à dit
cela, le tapis étant l’Europe, l’autre ne a profité pour en faire une
interprétation négative, en omettant de mentionner les fils d’or), peut-être
effectivement nous pourrons élire les politiciens d’après leurs compétences
réelles, là, nous ne faisons que «manœuvrer» encore et toujours… Et pour nous
«normaliser», mis à part le patriotisme (le Kosovo), mis à part la résistance
envers l’Europe en raison de différentes conditions que l’on nous pose, en
raison des mauvais souvenirs des bombardements, du fait qu’en UE tout n’est pas idéal non plus, loin de là, pour nous
normaliser, donc, il faut que nous puissions TOUS manger correctement au moins
trois fois par jour, que nous ayons TOUS chaud en hiver et que nous allions
TOUS au bord de la mer en été sans forcément casser nos tirelires (quand je dis TOUS je me réfère à la
majorité, car la pauvreté est une tare non seulement ici, hein ?) de
pouvoir nous acheter des fringues convenables plus souvent, et non pas être des
réguliers dans des boutiques chinoises, acheter des voitures sans crédit,
sortir plus souvent, VOYAGER sans les procédures difficiles et les files
d’attente humiliantes dans divers consulats pour obtenir
un visa. Quand nous vivrons comme cela, nous pourrons y voir un peu plus clair,
nous ne serons pas, à ce moment-là, tellement divisés, tellement «au
croisement».
Et est-ce que nos frères de l’Est pourront nous assurer TOUT CELA ? Ou
bien eux aussi, comme beaucoup, ne voient que leur propre intérêt dans notre réalité
tourbillonnante?
Non, fous, nous ne le sommes quand même pas, nous sommes seulement très
confus et pratiquement contraints à faire de tels choix si radicalement, et
c’est bien le mot, opposés.»