Texte écrit le 2 avril 2008 à 18:55
Mon "enfant"est partie
C’était l’été, il y a près de onze ans, quand je l’ai apportée à la maison
dans un petit sac à dos, cette petite boule venue au monde un mois et demie
auparavant. Mon frère l’a tenue sur sa paume lorsqu’elle avait une semaine…
Nous avons passé tellement de temps ensemble, de très bons moments comme
des mauvais, je la surveillais quand elle mettait bas (16 chiots en 4 portées),
j’angoissais quand il lui arrivait de se perdre, on devait aller la chercher,
contrairement à sa fille, elle ne savait
pas retrouver la maison, elle n’était pas très intelligente, ma petite chienne...
Je l’ai gâtée au départ, puis après, je me « moquais » toujours
d’elle en la traitant de prétentieuse, et je dois avouer que je préfère Clara,
sa fille, qui se tient à présent tristement blottie sous la chaise en face de
moi, et qui erre comme perdue dans la maison depuis deux heures.
Hier soir, je caressais ma chienne en m’efforçant de soulager sa peine due
à la maladie qui s’est manifestée il y a quelques jours seulement, alors que
qui sait depuis quand elle couvait en elle. J’attendais l’arrivée du
vétérinaire avec les médicaments et la perfusion qui lui auraient permis
peut-être de rester un peu plus longtemps avec nous.
Chaque année, comme elle vieillissait, je lui disais: “Mais cette année tu
vas avoir huit (neuf, dix…) ans !!!! » et ces derniers temps je
n’arrêtais pas de répéter : « Mais tu deviens une vraie mémé, en mai
tu vas avoir onze ans !!! »
Elle ne les aura pas. Elle s’est éteinte en silence il y a deux heures
environ, dans une agonie sans voix, elle gémissait seulement la nuit dernière,
cela m’a réveillée, elle s’est tue dès que je me suis levée, et elle a passé
les dernières heures de sa vie en souffrant en silence, avant l’agonie qui
faisait tressaillir son petit corps jusqu’à son dernier souffle.
Je me sens comme amputée d'une partie de ma vie, celle des derniers presque
onze ans. Elle m’a laissé Clara, (je lui disais toujours "Tu m’as donné ma
Clara"), son enfant, son amie inséparable et sa rivale éternelle s’il
s’agissait de la nourriture – des fois, elles risquaient de s’entretuer autour
d'un morceau de biscuit ou de saucisson! Elle m’a laissé beaucoup de souvenirs,
et à présent beaucoup de chagrin aussi. Tout s’est déroulé très vite, trop
vite…
Lorsqu’elle était déjà partie quelque part au paradis canin, je l'ai
caressée, je l'ai embrassée et j'ai fait mes adieux avec elle en lui disant les
mots les plus tendres.
J’évitais de regarder lorsqu'on l'emportait pour l'inhumer.
La pénombre règne dans la chambre, dehors, il fait encore jour, et ma
chienne est partie dormir quelque part dans le noir, à côté de son pote et père
de ses derniers chiots, emporté voilà trois ans par la même maladie qui l’a atteinte
elle.
Tzitza (27 mai 1997 - 2 avril 2008)
Photo prise le 1 avril 2008